As tu déjà croisé une vache dans une plantation de cacao ?
Même si tu vis dans un pays où pousse le cacao, quelles sont les chances de te trouver nez à nez avec une magnifique vache noire au milieu des cacaoyers ?
Tu me diras, c’est facile, c’est le voyage. Ou la chance, elle a bon dos celle là.
Autre rencontre étonnante, à mon arrivée à Mexico il y a une quinzaine de jours, en plein décalage horaire, je profite d’un changement entre deux bus pour entrer me rafraîchir dans une église.
Elle n’a rien de spécial, il y a une messe en cours ce qui m’oblige à aller sur le côté m’installer discrètement sur un banc face au mur..
Sur le mur, une vierge Marie peinte retient mon attention, elle a un je ne sais quoi, sans comprendre, j’en ai les larmes aux yeux. Étonnée d’être remuée comme ça par une simple représentation de la Vierge, je reste quelques minutes.
Le lendemain, plus en forme, je décide de faire le long périple que demande la visite de Notre Dame de Guadalupe, nous traversons tout Mexico, une heure quinze de métro, pour aller voir l’immanquable vierge si réputée.
Je n’ai pas voulu chercher d’image avant pour ne pas gâcher l’effet de surprise. Sur place, je suis très étonnée car ce n’est pas comme je l’imaginais, ne ris pas de moi, une statue, c’est une peinture. Exactement la même que celle que j’ai vue dans la petite église au hasard de ma balade et qui m’a tant émue. Cette fois l’émotion n’est pas là.
Cette petite aventure me conforte dans l’idée que la vie nous donne ce que nous voulons, ici voir une vierge mexicaine mémorable, par des chemins parfois beaucoup plus directs et plus simples que ce que nous imaginons qu’il faut faire, ici une heure de métro.
Belle rencontre aussi, au Costa Rica, il y a quelques jours, nous avions prévu d’aller voir une plage qu’il « faut voir », en route on se rend compte qu’aucun de nous n’a vraiment envie d’y aller Nous quittons l’autoroute dans l’idée d’explorer la campagne.
J’ouvre une cartes pour regarder s’il y a des choses intéressantes autour de nous, je trouve une plantation de cacao à moins de quinze minutes. Nous arrivons, le portail est ouvert. A l’intérieur, un homme qui faisait une sieste dans son hamac nous accueille.
Je lui explique mon projet de rencontrer des producteurs de cacao, il me montre ses cacaoyers, ils sont encore tout jeunes, ils ont deux ans et ne feront pas de fruits avant encore au moins un an ou deux. Un peu déçue je parle quand même quelques minutes avec lui.
Mon mari nous rejoint en boitant, il s’est blessé au pied trois jours plus tôt. Notre hôte, Alex, lui propose un remède magique qui permet de cicatriser très rapidement. Il va chercher un liquide marron dans son atelier et en imprègne un coton.
Il nous explique qu’il s’agit de cuachalalate, l’écorce de cet arbre permet de régénérer la peau nous explique-t-il, c’est une médecine ancestrale. Il nous en offre un flacon plein.
Il nous raconte qu’il est mexicain, ancien chef, passionné de plantes médicinales et que sa plantation en regorge. Il nous fait visiter, sentir et observer des dizaines de plantes. On passe un moment incroyable bluffés par la générosité de cet homme. En cherchant un chemin de traverse, nous avons trouvé un guérisseur et un ami.
On trouve sans chercher, on demande et on reçoit plus encore que ce que l’on aurait pu imaginer. Pourquoi est ce que cela arrive plus souvent en voyage ?
Parce que l’absence d’obligation nous débride et nous permet de nous écouter plus : décider de faire quelques mètres hors sentiers dans la plantation et croiser une vache, choisir d’entrer dans une église anodine et trouver une vierge bouleversante, laisser tomber la plage pour la campagne et retrouver un pied fonctionnel.
Tout part d’une vague intuition à laquelle on n’aurait peut être pas prêté attention dans notre vie habituelle. Et si on devenait des voyageurs du quotidien ? Quand est ce que vous avez écouté cet appel pour la dernière fois ? Que s’est il passé ?